Prévention de la maladie cœliaque : La science progresse
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- Prévention de la maladie cœliaque : La science progresse
- Percée scientifique : Vers la Prévention de la Maladie Cœliaque
PARIS – 3 Mai 2024 –
Des avancées significatives pourraient bientôt permettre de prévenir la maladie cœliaque, cette affection auto-immune déclenchée par le gluten. Révélées lors d’un congrès à Naples, les recherches du professeur Alessio Fasano mettent en lumière le rôle crucial du microbiome intestinal.Cette approche novatrice vise à moduler le microbiome chez les enfants à risque pour éviter le développement de cette maladie invalidante.L’étude des causes et des solutions continue, avec des perspectives prometteuses pour l’avenir de la santé.
Percée scientifique : Vers la Prévention de la Maladie Cœliaque
Et si la maladie cœliaque pouvait être prévenue, empêchant la prédisposition génétique de se concrétiser ? C’est la question fascinante posée par le professeur Alessio Fasano, de la Harvard Medical School, lors du congrès de la Société Italienne de Pédiatrie à Naples.
Le Rôle Clé du Microbiome
Les recherches récentes mettent en lumière le rôle crucial du microbiome dans le développement de la maladie cœliaque. Cette maladie auto-immune, bien que fortement liée à la génétique, n’est pas uniquement déterminée par elle. L’épigénétique,c’est-à-dire l’influence des facteurs environnementaux sur l’expression des gènes,joue également un rôle significatif.
Selon le professeur Fasano, avoir les gènes qui prédisposent n’est pas une condamnation, et les gènes et l’environnement ne sont pas suffisants pour tomber malade.
C’est là que le microbiome entre en jeu.
Une étude portant sur environ 700 enfants à risque a révélé des indices importants. Fasano explique :
Notre étude est partie d’observations épidémiologiques : il y a une augmentation très forte des allergies, du cancer, des maladies auto-immunes, métaboliques, neurodégénératives chez ceux qui suivent un style de vie occidental connoté par plus de stress, de malbouffe, de troubles du sommeil, d’utilisation et d’abus d’antibiotiques, de naissance par césarienne. De tous ces facteurs, cependant, le plus significant, ne serait-ce que parce que nous mangeons plusieurs fois par jour, est précisément l’alimentation, car si tous les 15 ans les cas de maladie cœliaque doublent, cela ne peut pas être une question génétique.
Professeur Alessio Fasano
Étude Approfondie sur les Enfants à Risque
L’équipe de Fasano a suivi environ 700 enfants présentant un risque génétique de développer la maladie cœliaque, tant aux États-Unis qu’en Italie. Ils ont constaté que, dans le processus menant de la prédisposition génétique à la maladie avérée, la composition du microbiome présentait une signature particulière. Cette signature pouvait prédire avec une certitude de 90% le développement de la maladie environ 18 mois avant qu’elle ne devienne détectable par les méthodes traditionnelles.
Les enfants qui ont développé la maladie présentaient une augmentation des “mauvaises” bactéries.Mais pourquoi ?
Le Microbiome : Une Ferme à Moduler
Le microbiome est comme une ferme
, explique Fasano. Il y a beaucoup d’animaux et, selon ce que je veux faire, j’augmente le nombre de poules pour avoir plus d’œufs ou celui des vaches pour obtenir plus de lait.
Certaines composantes du microbiome peuvent prévenir l’inflammation, tandis que d’autres peuvent la déclencher. les antibiotiques, par exemple, peuvent perturber l’équilibre délicat du microbiome en éliminant les bactéries bénéfiques.
En analysant en détail la vie des enfants suivis, y compris leur environnement familial, leur régime alimentaire et leur exposition à des facteurs externes, l’intelligence artificielle a identifié un dénominateur commun : la perte de cinq bactéries probiotiques spécifiques.
Riprogrammer l’Intestin
Des études menées sur des organoïdes, des “intestins en éprouvette” créés à partir de biopsies intestinales de jeunes patients cœliaques, ont révélé que ces cinq bifidobactéries étaient capables de reprogrammer l’intestin pour lui faire gérer le gluten
. En présence de ces bactéries, l’intestin ne présentait aucune des réactions inflammatoires typiques de la maladie cœliaque.
La prochaine étape consiste en une étude clinique visant à suivre des enfants dès la naissance et à intervenir avec ces cinq souches bactériennes dès les premiers signes de modification du microbiome. L’objectif est de prévenir le développement de la maladie cœliaque chez les individus à risque.
Prévention, Pas Guérison
Il est crucial de noter que cette stratégie ne peut être appliquée qu’avant l’apparition des auto-anticorps et la rupture de la tolérance au gluten. Une fois que le système immunitaire est programmé pour attaquer le gluten, il est trop tard pour inverser le processus. Quand la tolérance se rompt et qu’il y a déjà des auto-anticorps, on ne peut plus rien faire
, conclut Fasano. Les cellules immunitaires à ce moment-là ont une mémoire et sont programmées pour répondre au gluten. Et cette réponse n’est pas modifiable.
FAQ sur la Maladie Cœliaque et le Microbiome
Qu’est-ce que la maladie cœliaque ?
La maladie cœliaque est une maladie auto-immune déclenchée par la consommation de gluten, une protéine présente dans le blé, l’orge et le seigle.
Quel est le rôle du microbiome dans la maladie cœliaque ?
Le microbiome intestinal joue un rôle crucial dans la régulation de la réponse immunitaire au gluten. Un déséquilibre du microbiome peut favoriser le développement de la maladie cœliaque chez les personnes prédisposées.
Peut-on prévenir la maladie cœliaque ?
Les recherches actuelles suggèrent qu’il pourrait être possible de prévenir la maladie cœliaque en modulant le microbiome intestinal chez les enfants à risque.
Cette approche peut-elle guérir la maladie cœliaque ?
Non, cette approche ne peut pas guérir la maladie cœliaque une fois qu’elle est établie. Elle vise à prévenir son développement chez les personnes à risque avant l’apparition des auto-anticorps.