Nouvelles de l’ONS•aujourd’hui, 14:57•Modifié aujourd’hui, 15h15
“Si Dieu le veut, nous allons bientôt les exterminer avec nos soldats, nos canons et nos chars.” Telle est la menace du président turc Recep Tayyip Erdogan de lancer une offensive terrestre contre les milices kurdes dans le nord de la Syrie.
L’armée de l’air turque a effectué des dizaines de bombardements sur des camps des YPG et du PKK dans le nord de la Syrie samedi et dimanche. Cela est venu en représailles à l’attentat à la bombe à Istanbul une semaine plus tôt, qui a tué six personnes et en a blessé des dizaines.
Nouvelle escalade
“Ces attaques ne resteront pas sans réponse”, ont ensuite répondu les forces armées kurdes dans un communiqué. Peu de temps après, au moins trois personnes ont été tuées dans des attaques à la roquette dans la ville frontalière turque de Karkamis. Selon le gouvernement turc, les roquettes ont été tirées depuis une zone en Syrie contrôlée par la milice syro-kurde YPG.
La Turquie semble utiliser l’escalade pour porter un coup dur aux Kurdes en Syrie, même si l’on ne sait toujours pas qui est derrière l’attaque d’Istanbul.
Les récentes déclarations d’Erdogan ont déclenché des troubles aux États-Unis, en Russie et en Iran, tous trois également impliqués dans la guerre en Syrie. Mais selon Erwin van Veen de l’Institut Clingendael, qui étudie les conflits au Moyen-Orient, le président turc voit sa chance.
“Les relations internationales ont changé ces derniers mois. La Russie est bien sûr préoccupée par la guerre en Ukraine et a donc besoin de la Turquie plus qu’avant.”
“Les États-Unis sont contrariés par la proposition d’adhésion de la Finlande et de la Suède à l’OTAN, que la Turquie doit accepter. Et l’Iran a beaucoup de protestations intérieures en tête et donc moins d’énergie et d’attention pour la Syrie”, explique Van Veen dans le NOS Radio 1 Journal. “Les États-Unis, l’Iran et la Russie sont contre une intervention turque en Syrie, mais ils ont tous des intérêts différents maintenant.”
Forger le fer quand il fait chaud
Van Veen considère l’attaque turque imminente contre le nord de la Syrie comme une manœuvre opportuniste du président turc. “Le souhait est là depuis un certain temps, mais l’offensive a toujours été bloquée par ces trois pays. Et ils sont maintenant dans des eaux différentes. On peut donc dire qu’Erdogan forge le fer quand il fait chaud”, explique Van Veen.
L’armée turque a mené plusieurs attaques et opérations militaires contre des cibles kurdes en Syrie et en Irak ces dernières années.
Les détracteurs du gouvernement disent qu’Erdogan utilisera une nouvelle offensive en Syrie pour consolider sa position de pouvoir. Des élections parlementaires et présidentielles sont prévues pour l’année prochaine en Turquie. En raison de l’inflation vertigineuse et de toutes les augmentations de prix, la popularité d’Erdogan a fortement chuté.
Il y a aussi une insatisfaction face à la présence de près de quatre millions de réfugiés syriens en Turquie. Les principaux partis d’opposition estiment qu’ils devraient être renvoyés en Syrie.