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Après le fémicide à Buxtehude : « La société ne peut plus détourner le regard »

by Nouvelles

2024-11-14 20:37:00

taz : Madame Huber, après un fémicide dans le quartier de Stade en Basse-Saxe, il est question de créer un centre de conseil pour hommes violents. Une proposition en retard ?

Carine Huber : Oui, tout à fait, si l’on considère que la Convention d’Istanbul pour lutter contre les violences à l’égard des femmes et les violences domestiques est entrée en vigueur en 2018. Il ne fait plus aucun doute qu’il existe un besoin et que les politiciens ont la responsabilité d’offrir une telle chose.

taz : La ministre fédérale de l’Intérieur, Nancy Faeser (SPD), souhaite rendre obligatoire le travail des auteurs de violences lors de la modification de la loi sur la protection contre la violence. Est-ce que cela va dans la bonne direction ?

Huber : Dans tous les cas. Jusqu’à présent, cela a souvent échoué parce qu’il fallait le financer. C’est vrai, mais travailler avec les auteurs de violences est un élément très important du réseau de soutien pour les personnes touchées par la violence.

taz : Le devoir signifierait que des hommes y soient envoyés, soit des criminels violents, soit des criminels violents potentiels. Comment est-ce censé fonctionner ?

Huber : Les installations de travail des auteurs de violences domestiques, qui fonctionnent selon les normes du Groupe de travail fédéral sur la violence domestique (BAG), sont bien mises en réseau. À Augsbourg, par exemple, nous avons convenu avec la police que s’il y avait un incident de violence domestique et que la personne acceptait que les données soient transmises, nous recevrions l’information de la police. Pour ensuite vous contacter et inviter la personne. Mais ce n’est pas obligatoire, c’est juste un bon moyen de toucher les gens. Certaines personnes reçoivent également ces conseils comme condition de leur mise à l’épreuve ou comme offre du parquet d’arrêter temporairement la procédure si elles s’y rendent ; ou la participation obligatoire est incluse dans un plan d’aide de l’Office de l’enfance, de la jeunesse et des familles.

taz : Une condition préalable au succès d’une thérapie est que vous la suiviez volontairement. Est-il judicieux de forcer les gens à donner des conseils ?


StMAS/Claudia Michels

Interview en direct : Carina Huber

31 ans, est travailleuse sociale et thérapeute en toxicomanie. Elle est membre du conseil d’administration du Groupe de travail fédéral sur les auteurs de violence domestique (BAG).

Huber : Permettre un premier contact de cette manière est tout à fait logique. La mesure dans laquelle cela est prometteur se voit généralement dès les premières conversations. Et nous n’obligeons personne à faire quoi que ce soit de façon définitive. Il y a encore un choix : dois-je aller en consultation ou aller en prison.

taz : Comment atteindre les gens de manière préventive avant même qu’un acte de violence ne se produise ?

Huber : Par un travail de relations publiques, en luttant contre la violence, en rendant ces offres disponibles à tous et en donnant accès à tous. La société ne peut plus détourner le regard et il devrait être socialement acceptable d’accepter de l’aide.

taz : Mais je devrais d’abord admettre que j’ai un problème. Très peu de gens l’admettront.

Huber : Je ne serais pas d’accord avec cela. À Augsbourg, nous avons environ 50 pour cent d’auto-déclarants. Ils peuvent avoir été violents auparavant ou avoir le sentiment qu’ils pourraient le devenir à l’avenir et veulent savoir comment ils peuvent l’empêcher.

taz : À quoi devrait ressembler le centre de conseil d’un district ?

Huber : Il existe des normes pour le travail des auteurs du BAG. Il existe une formation continue au cours de laquelle des spécialistes sont formés à la manière de concevoir une telle offre. Le réseautage est important : que tous les acteurs sachent que vous êtes visible en public. Ce serait un début.

taz : Est-ce que le district doit le financer ?

Huber : Ici en Bavière, il est financé par le ministère des Affaires sociales*. Mais il existe des modèles très différents.

taz : Le projet de loi de protection contre la violence de Faeser restera probablement un gaspillage. Qu’est-ce que cela signifie?

Huber : C’est un revers total. Il y a un besoin incroyablement élevé. Les ressources disponibles actuellement sont loin d’être suffisantes.

taz : Qu’aurait exactement permis la loi ?

Huber : Le projet de loi prévoyait des entretiens obligatoires en cas de violence domestique. Cela aurait amélioré l’accès au système d’aide. Parce que si je suis déjà allé dans un centre de conseil, je le sais déjà : ce n’est pas si grave. Cela toucherait les personnes qui n’ont pas l’idée de demander de l’aide par elles-mêmes.

*Dans Il existe onze installations de travail pour les auteurs d’infractions en Basse-Saxequi sont soutenus par l’État.



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