Amnistie Internationale exige justice pour Juan López assassiné au Honduras
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PARIS – 29 Mai 2024 – Le meurtre de Juan López, défenseur de l’environnement, est l’objet d’une audience au Honduras. Qui ? Juan López, défenseur assassiné. Quoi ? Une audience préliminaire concernant son assassinat. Où ? San Pedro Sula, Honduras. Quand ? Le 3 juin.Pourquoi ? pour obtenir justice. Un appel pressant est lancé pour que justice soit faite, réaffirmant l’importance de la défense des droits humains et environnementaux, et qui appelle également les autorités à garantir un procès équitable. Pour en savoir plus sur les enjeux de cette affaire, lisez la suite.
Amnistie Internationale Exige Justice pour l’Assassinat de Juan López au Honduras
Le 3 juin marquera une étape cruciale dans la quête de justice pour Juan Antonio López, défenseur de l’environnement assassiné. Une audience préliminaire se tiendra au Palais de Justice de San Pedro Sula, Honduras, contre trois hommes accusés de son meurtre. López était coordinateur du Comité Municipal en Défense des Biens Communs et Publics (CMDBCP). Amnistie Internationale souligne l’importance de ce processus judiciaire pour que la famille de Juan López obtienne vérité, justice et réparation pour ce crime survenu le 14 septembre à Tocoa.
L’organisation exhorte les autorités honduriennes à traduire en justice toutes les personnes soupçonnées d’être impliquées dans l’assassinat de Juan López, qu’il s’agisse des auteurs matériels ou intellectuels, et à garantir des procès équitables.
L’Impératif de Justice et de Réparation
Ana Piquer, directrice pour les Amériques d’Amnistie Internationale, a déclaré :
Le crime contre Juan López est une claire illustration que la situation des défenseurs de l’environnement ne s’est pas améliorée au Honduras. L’organisation salue que le Ministère Public avance avec les investigations et espère que chaque autorité impliquée remplira son devoir de garantir vérité, justice et réparation à la famille de Juan López de manière effective.
Le 6 octobre, le ministère Public du Honduras a annoncé l’arrestation de trois personnes suspectées d’être les auteurs de l’assassinat de Juan López. Trois jours plus tard, un tribunal local a ordonné leur inculpation formelle pour le crime d’assassinat au préjudice du défenseur de l’environnement Juan López, et leur maintien en détention. Depuis, les trois hommes sont en détention provisoire.
Tocoa : Une Communauté en Danger
Juan López faisait partie d’un groupe de 30 défenseurs, incluant des membres du CMDBCPT et leurs avocats du Bufete Justicia para los Pueblos (BJP), auxquels la commission Interaméricaine des Droits de l’Homme (CIDH) avait accordé des mesures conservatoires en octobre 2023. Quelques jours avant son assassinat, Juan avait dénoncé l’inefficacité de l’application de ces mesures de protection par le gouvernement hondurien lors d’une interview. De même, le Comisionado Nacional de los derechos Humanos (CONADEH) du Honduras avait émis une alerte précoce concernant le manque de mise en œuvre de ces mesures.
Les défenseurs des communautés de Tocoa et leurs avocats sont confrontés à des attaques continues et à une criminalisation depuis 2015 pour avoir pacifiquement contesté la légalité du projet minier dans le parc National Montaña de Botaderos Carlos Escaleras Mejía. L’assassinat de Juan López n’est pas un cas isolé.
Antécédents et Contexte
En 2021, Amnistie Internationale a désigné huit défenseurs de Guapinol comme prisonniers de conscience, après plus de deux ans d’emprisonnement injuste pour avoir défendu pacifiquement le droit à l’eau.
Le 7 janvier 2023, les défenseurs des droits humains Aly Magdaleno Domínguez Ramos et Jairo Bonilla Ayala ont été tués par des assaillants armés. Cinq mois plus tard, le 15 juin 2023, Oquelí Domínguez, frère d’Aly Domínguez, a également été assassiné.
Le Cadre Légal et les Défis Environnementaux
Le contexte juridique et environnemental au Honduras est complexe. Bien que des lois existent pour protéger l’environnement, leur application est souvent compromise.
En 2012, le Congrès du Honduras a déclaré la zone de confluence des rivières Guapinol et San Pedro comme parc national (Décret 127-2012). L’objectif était de protéger le parc, nommé en 2016 « Carlos Escaleras Mejía » en l’honneur d’un agriculteur défenseur de la terre et de l’eau, des effets des industries lourdes, y compris l’exploitation minière. Des zones devaient être exemptes d’activités nuisibles,et des « zones d’amortissement » permettaient l’exploitation minière après des évaluations rigoureuses,notamment une évaluation de l’impact environnemental.
Cependant, en 2013, le Congrès a élargi la zone d’amortissement du Parc National, réduisant ainsi la zone la plus protégée (Décret 252-2013). Cela a permis à l’Instituto Nacional de Geología y minería de Honduras (INHGEOMIN) d’accorder des permis d’exploitation minière dans cette zone. En 2014, INHGEOMIN a accordé deux concessions d’exploration à la société minière emco Mining (devenue Inversiones Los Pinares en 2017) sous les noms d’ASP et ASP2. L’année suivante, la même entreprise a obtenu une concession d’exploitation pour le projet ASP, après avoir obtenu une licence environnementale controversée. Ces projets sont actuellement suspendus.
Menaces et Projets Controversés
le mégaprojet développé autour du Parc National Montaña de Botaderos Carlos Escaleras Mejía comprend également une centrale thermoélectrique de coke de pétrole et une usine de bouletage d’oxyde de fer. Le 9 décembre 2023, des centaines d’habitants de Tocoa ont manifesté lors d’une assemblée municipale pour rejeter le projet énergétique.Le CMDBCP a alerté sur le fait que, le 14 mai 2025, l’INHGEOMIN a émis une résolution rejetant l’opposition communautaire au renouvellement de la concession du projet de l’usine de bouletage.
L’Importance de l’Accès à l’Details et de la Participation
La transparence et la participation sont essentielles pour garantir un environnement sain et durable.La Relatrice Spéciale des Nations Unies sur le droit humain à un environnement propre, sain et durable, Astrid puentes riaño, a réaffirmé dans son rapport de 2024 :
Outre le fait d’être des droits humains reconnus, l’accès à l’information, la participation et l’accès à la justice sont des éléments de base du droit à un environnement propre, sain et durable.
Astrid Puentes riaño, Relatrice Spéciale des Nations Unies
Elle a également rappelé que :
La transparence active est fondamentale pour jouir d’autres droits, spécialement dans les affaires d’intérêt public, comme dans le cas de l’information liée à l’exploration et à l’exploitation des ressources naturelles.
Astrid Puentes Riaño, relatrice Spéciale des Nations Unies
Amnistie Internationale exhorte également le Honduras à adhérer à l’« Accord Régional sur l’Accès à l’Information, la Participation Publique et la Justice en Matière d’Environnement en Amérique Latine et dans les Caraïbes ».