« C’est à Sa Majesté le roi et au gouvernement du Maroc, de manière pleinement souveraine, d’organiser l’aide internationale. Nous sommes donc à leur disposition pour respecter leur choix souverain », a déclaré le président français dans une vidéo adressée au peuple marocain et publiée sur le réseau X (anciennement Twitter). Cette déclaration vise à mettre fin à la polémique autour de l’aide proposée par Paris suite au séisme meurtrier qui a affecté le pays. Dimanche, le président français a affirmé que la France est prête à intervenir dès que les autorités marocaines le demanderont, mais Rabat n’a pas sollicité son aide. En l’absence d’une réponse marocaine, Paris a annoncé une aide de 5 millions d’euros pour les ONG présentes dans le pays qui contribuent aux opérations de secours. Emmanuel Macron a ajouté : « Nous serons présents sur le long terme, dans les domaines humanitaires, médicaux, de la reconstruction, de l’aide culturelle et patrimoniale, là où le peuple marocain et ses autorités considéreront que nous sommes utiles ».
L’écrivain franco-marocain Tahar Ben Jelloun a salué l’évolution de la sensibilité pro-marocaine du président Macron : « Jusqu’à récemment, le président Macron n’était pas très favorable au Maroc, pour le dire clairement. Il était plutôt obsédé par l’Algérie (…) Avec ce discours, cette adresse qu’il envoie au peuple marocain, je pense qu’il a progressé ». Selon lui, le président français a compris que le Maroc est un État souverain, que le roi est un chef d’État responsable et qu’il n’y a pas lieu de polémiquer sur l’aide ou son absence. « L’important est qu’il a exprimé la solidarité de la France envers le peuple marocain, envers ceux qui souffrent, les blessés, les victimes. C’est crucial et cela devrait être la moindre des choses pour un chef d’État, qui devrait avoir davantage de gestes de ce genre envers le Maroc plutôt que des silences ou des maladresses ».
Rabat est en conflit avec Paris en raison notamment de son rapprochement avec l’Algérie, protectrice du mouvement indépendantiste Polisario, qui a rompu les liens avec le Maroc en 2021, ainsi que de sa réticence à reconnaître la marocanité du Sahara, contrairement à d’autres pays comme l’Espagne et Israël. « Macron craint l’Algérie, point final. Il a peur de ses réactions, de sa politique. Il sait très bien que la moindre divergence entraîne un rappel de l’ambassadeur et un scandale. Mais personnellement, je lui dis modestement, selon mon point de vue, que l’Algérie ne donnera rien à la France et continuera à exploiter la rente mémorielle indéfiniment. C’est certain, car elle déteste deux pays : le Maroc et la France », analyse Ben Jelloun.