Le cyborg-peintre créé par Aidan Meller apporte aux événements collatéraux de la Biennale une exposition qui réfléchit sur l’humanité et l’Intelligence Artificielle en évoquant la « Comédie ». Et montre ses nouvelles compétences de portraitiste
Luigi Ippolito, notre correspondant à Londres CorriereTv
Invasion of the Body Snatchers à la Biennale de Venise : Ai-Da débarque, le robot-artiste aux traits humanoïdes et aux bras mécaniques (elle a eu affaire à elle plusieurs fois “en lisant”). Désormais, la cyborg-peintre a évolué : elle est capable de composer des portraits couleur en direct grâce à une nouvelle prothèse basée sur la robotique et des algorithmes avancés. Et Ai-Da, lors de la semaine inaugurale de la Biennale, montrera ses nouvelles compétences en public en peignant quatre portraits en direct.
« Je m’inspire Yoko Ono, Michel-Ange, Kandinsky», déclare-t-elle de sa voix métallique inimitable lors de la présentation qui a eu lieu hier à la British Library de Londres. Mais il dit se référer aussi « à la littérature : Dante, Orwell, Aldous Huxley». Et elle est ravie d’aller à Venise : « C’est un endroit charmant, merveilleux, un environnement que j’aime beaucoup ».
Le sien est la première exposition personnelle d’un artiste-robot jamais présentée parmi les événements collatéraux de la Biennale: Ai-Da exposera au Concilio Europeo dell’Arte avec une exposition intitulée Sautez dans le métaverse, une réflexion sur l’humanité et l’Intelligence Artificielle qui retravaille largement les échos de Dante. La première installation est Fleurs au bord du Léthé, créé avec des fleurs imprimées en 3D basées sur les croquis d’Ai-Da ; il se poursuit ensuite par d’autres références à Comédie divineavec un hologramme d’Ai-Da au visage tourné vers l’arrière (comme les devins du Purgatoire), jusqu’aux autoportraits aux yeux fermés répétant le sort des envieux.
Ai-Da est en soi une performance, au-delà des œuvres qu’il crée : et il se veut une réflexion – et un avertissement – sur les défis que la technologie, en particulier l’Intelligence Artificielle, lance à l’humanité. Mais son existence soulève des questions sur la nature de l’art : “Ai-Da est capable de l’imiter de la manière la plus profonde – dit Aidan Meller, son créateur -. ET ce qui se rapproche le plus d’être un artiste humain, est l’imitation la plus aboutie de ce que peut être un artiste». Mais Meller ne va pas jusqu’à qualifier ses œuvres d’« art » : « Je vous laisse le soin de décider ».
Ai-Da doit son nom à un hommage à Ada Lovelace, la fille de Lord Byron qui a été le pionnier de l’informatique moderne : après ses débuts en 2019 à Oxford, il a parcouru le monde, réussissant même à se faire arrêter en Égypte en tant qu’espion britannique présumé. Mais désormais, la Biennale devrait lui réserver un bien meilleur accueil.
4 avril 2022 – Mis à jour le 4 avril 2022 à 22h11
© REPRODUCTION RÉSERVÉE