2024-08-05 11:51:23
“Décollage !”, annonce le commandant Dorian, pilote de l’A400M de l’armée de l’air et de l’espace. Quelques secondes plus tard, les 8 250 kW de puissance de chacun de ses quatre moteurs le propulsent dans le ciel australien.
Il est 9 heures ce mardi matin d’hiver sur la base aérienne de Darwin, dans le nord de l’Australie, et l’A400M français s’apprête à effectuer un vol tactique dans le cadre de Pitch Black 2024. L’exercice offre des conditions parfaites : 20 pays alliés participent à des missions conjointes et le terrain est idéal pour l’entraînement tactique. Il y a très peu d’obstacles et les zones désertiques sont peu peuplées.
Traverser les lignes ennemies
Aujourd’hui le A400M participe à une mission de frappe en territoire ennemi. « Dans le cadre de la coalition alliée, les appareils vont pénétrer les lignes ennemies et larguer du matériel par gravité, explique le commandant Dorian. Nous vérifions que nos méthodes de largage, nos moyens de communication et tout un ensemble d’outils tactiques sont compatibles avec les méthodes utilisées par nos partenaires, mais aussi par des chasseurs, des hélicoptères ou des avions ravitailleurs. »
Après avoir atteint la vitesse de croisière et l’altitude, nous nous dirigeons vers le territoire ennemi. La première heure à bord de l’A400M se déroule sans problème. Comme s’il s’agissait d’un vol commercial, nous ne ressentons pratiquement aucune turbulence ni virage.
Vol tactique de l’A400M noir absolu
Mais soudain, le pilote commence à manœuvrer l’A400M dans des virages allant jusqu’à 120° et nous remarquons que les forces G de l’avion pèsent sur nos nuques. C’est le signe infaillible que l’opération a commencé. Le calme est terminé.
Aussi rapide que 300 nœuds, aussi bas que 300 pieds
L’A400M commence à descendre rapidement. Son agilité lui permet d’effectuer des vols à basse altitude comme s’il s’agissait d’un avion de chasse. Cela permet d’éviter les attaques ennemies en territoire hostile.
« Nous volons très, très bas ; nous volons très, très vite pour échapper à toute menace potentielle qui pourrait nous détecter ou même essayer de nous faire du mal », explique le commandant Dorian.
300 nœuds (555 km/h) et à une altitude de seulement 300 pieds (90 mètres) : c’est l’exact opposé de la première heure de vol calme. Les virages à gauche et à droite se répètent. L’avion démontre sa grande agilité et sa puissance dans une opération que le commandant qualifie de « risquée ».
Pendant ce temps, dans la soute de l’A400M, les militaires se balancent d’avant en arrière au gré des changements d’altitude et de vitesse. Les militaires les plus expérimentés regardent vers l’infini comme s’ils passaient une journée normale au bureau. Les surfeurs les moins expérimentés restent silencieux.
Après avoir évité la première menace, l’avion s’enfonce dans le territoire hostile. Les collines, les rivières et les arbres du désert australien sont visibles en détail à quelques mètres de distance. On peut pratiquement les toucher. Les deux chefs de chargement tactiques surveillent attentivement le terrain à travers les fenêtres de l’A400M. Ils évaluent où larguer la charge utile pour soutenir le personnel militaire déployé au sol.
Après coordination avec le pilote, les chefs de chargement abaissent la rampe, un souffle d’air pénètre à l’intérieur de l’A400M et le lancement de la charge utile est simulé. Quelques minutes plus tard, l’opération est répétée sur un autre point d’appui de l’équipage au sol.
Après une heure de vol tactique et une mission réussie, l’A400M regagne la base aérienne escorté par deux avions de chasse français. Sur une période de deux semaines, l’A400M effectuera deux vols tactiques par semaine.
PÉGASE 2024 : le déploiement majeur de la France dans l’Indo-Pacifique
L’armée de l’air et de l’espace française s’est déployée dans la région indo-pacifique depuis l’est, aux côtés des Espagnols et des Allemands Ciel du Pacifiqueet de l’ouest avec les Britanniques dans le cadre de Griffin Strike.
Les Français ont toujours utilisé l’A400M pour des tâches logistiques et tactiques, ainsi que pour des missions de recherche et de sauvetage.
Avec ses nombreuses îles, ses zones reculées et son terrain accidenté, la région indo-pacifique est parfaitement adaptée à l’A400M, qui peut atterrir sur des pistes non pavées d’un peu moins de 750 mètres de long, ravitailler des chasseurs et d’autres avions en vol ou, comme l’ont démontré les Français, voler à basse altitude et s’infiltrer en territoire ennemi pour soutenir des missions au sol.
« Notre A400M participe à des missions de haute intensité », conclut le général Guillaume Thomas, responsable de Pégase 2024, le déploiement français dans la région Indopacifique. « L’avion est très polyvalent et peut être utilisé pour une large gamme de missions. Cela en fait un élément clé de notre stratégie de défense dans la région Indopacifique. »
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